Il est aujourd’hui évident que l’agriculture pose de nombreux problèmes pour l’environnement ainsi que pour les êtres vivants, comme la pollution des sols, de l’air et de l’eau. Mais également la présence de produits chimiques dans la nourriture nocifs qui peuvent rendre malades leurs consommateurs, etc. Il existe cependant de multiples alternatives pour palier à tous ces problèmes causés par le modèle agricole dominant, que l’on peut regrouper sous le terme d’agriculture alternative. Parmi ces agricultures alternatives se trouvent l’agroécologie, la permaculture, l’agriculture biologique, l’agriculture intégrée, ainsi que l’agriculture raisonnée.
Origine et définition de l’agriculture raisonnée
Cette alternative apparait après la Seconde Guerre mondiale. Le terme “agriculture raisonnée” est la traduction française d’un terme qui existait déjà dans les pays anglo-saxons. Il a été proposé en 1993 par le réseau FARRE (Forum pour une agriculture raisonnée et respectueuse de l’environnement) par la FNSEA et l’UIPP (l’Union des Industries de la Protection des Plantes).
En France, l’agriculture raisonnée n’est reconnue que depuis 2002, avec la certification “AR”. Elle est soumise à la réglementation du Ministère de l’Agriculture et de l’Écologie depuis 2012, grâce à la certification HVE (Haute Valeur Environnementale).
L’agriculture raisonnée, c’est une alternative qui allie la protection de l’environnement, la santé et le bien-être animal à la productivité. On peut dire qu’elle est à mi-chemin entre l’agriculture intensive et l’agriculture biologique. Elle consiste en la mise en pratique des progrès scientifiques dans l’agronomie afin de trouver le meilleur équilibre entre les besoins en termes de productivité et l’impact environnemental. L’agriculteur doit prendre en compte son environnement et adapter au mieux ses pratiques de culture et ses techniques d’élevage aux spécificités de l’écosystème de la zone dans laquelle se situe son exploitation.
Une alternative controversée
Cette alternative fait l’objet de multiples débats et a beaucoup d’arguments en défaveur de celle-ci.
Beaucoup de points négatifs
Il y a 3 arguments principaux contre l’agriculture raisonnée. Tout d’abord, le réseau FARRE est critiqué pour être soutenu par FNSEA, Monsanto, DuPont ou encore BASF, qui soutiennent le mode de production intensif.
De plus, l’AR ne remet pas suffisamment en cause les méthodes de l’agriculture intensive et n’en est pas assez éloignée. En effet, c’est un mélange entre les techniques modernes et le savoir-faire traditionnel. Cependant, le côté économique est trop important d’après les personnes opposées à ce modèle, qui sont souvent des agriculteurs issus du modèle biologique. En effet, l’exploitation doit être rentable et productive, le rendement doit être suffisant, et souvent des moyens sont pris pour augmenter ces rendements, au détriment de la nature.
Justement, les OMG et les produits chimiques sont parfois utilisés pour augmenter ces rendements, ce qui nous amène au troisième argument contre cette alternative. En effet, les OGM et les produits chimiques ne sont pas interdits. Les agriculteurs sont seulement encouragés à proscrire au maximum les OGM et les produits chimiques de leurs cultures, mais ils ont le droit d’en utiliser. Cela peut être problématique pour certaines personnes, notamment pour les consommateurs de produits biologiques.
Le logo AR ressemblant beaucoup au logo biologique AB. Le consommateur peut être induit en erreur et acheter des produits ayant le label AR, pensant qu’ils sont biologiques et manger des produits AR pouvant être des OGM ou contenir des produits chimiques. Cela peut également poser un problème aux agriculteurs issus du modèle biologique. En effet, si les consommateurs achètent des produits AR au lieu des produits AB, les agriculteurs perdront du rendement et leurs efforts pour garantir une production responsable de qualité auront été fournis en vain.
Ce manque de régulation pose donc beaucoup de problèmes et de débats. Cependant, quoique peu nombreux, il existe des arguments en faveur de cette alternative.
Des arguments en faveur de cette agriculture
D’après les défenseurs de cette alternative, celle-ci est la meilleure pour répondre aux attentes de la consommation moderne en termes de contraintes de quantité et de qualité. Face à la forte demande de la société moderne, le bio ne permet pas de produire en quantité et en qualité suffisante. De plus, cette demande augmente de l’ordre de 10 % par mois. C’est pourquoi la France doit importer beaucoup de produits biologiques à l’étranger, ce qui n’est pas une bonne chose sur le plan écologique.
Les défenseurs de cette alternative voient un avantage à utiliser quelques produits chimiques pour que leurs produits soient plus résistants aux épidémies, quand des agriculteurs bio voient leurs récoltes décimées. Si les agriculteurs bio ont recours à des produits chimiques pour traiter leurs récoltes, ils perdent leur label bio, qui prend 3 ans pour être récupéré, là où pour obtenir le label AR il suffit de limiter les produits chimiques.
Quel avenir pour cette alternative ?
Si elle peut être utile pour sensibiliser les agriculteurs à la protection de l’environnement et de la santé, il faudrait que cette alternative soit davantage réglementée afin de répondre aux critiques de ses opposants. Il est vrai qu’elle n’est pas assez transparente, que le consommateur peut être induit en erreur et que cela peut poser quelques problèmes. Il faudrait également que l’utilisation des OGM et des produits chimiques soit réduit au strict minimum, mais pas trop non plus pour ne pas avoir à importer des aliments bio venant de l’étranger.
Cependant, d’un côté, il n’est aujourd’hui pas encore possible d’utiliser une production complétement biologique comme mode de production agricole principal. Mais de l’autre, continuer l’agriculture intensive sans prendre en compte les questions environnementales, c’est mettre l’avenir de l’agriculture et de l’humanité en péril.
En utilisant de plus en plus les méthodes de l’agriculture biologique, et en s’appuyant sur les avancées de la recherche agronomique, utiliser l’agriculture raisonnée comme mode de production agricole principal pourrait faire baisser le coût qu’à la croissance des besoins mondiaux en termes de production de nourriture sur la planète. De ce fait, cette alternative pourrait servir de “tremplin” vers un mode de production totalement responsable dans quelques années.
Il semble donc que pour le moment, un système agricole raisonné, en étant davantage transparent et réglementé, avec un cadre plus clair et plus défini, soit la meilleure solution alternative satisfaisante.